Dans un précédent billet, j’évoque la relation des français avec la langue anglaise. A chaque démarrage de formation, j’entends mes apprenants me dire :

« Je suis bloqué(e) à l’oral… j’ai peur d’être ridicule… je me sens bête… je ne suis pas assez sûr(e) de moi… pas assez confiant(e) … je n’ai pas assez de vocabulaire… je ne comprendrai jamais les temps anglais… je suis nul(e) ..… les anglais doivent bien rigoler avec moi… ce n’est pas gagné !  Je n’ai pas l’oreille… Je sais j’ai un accent pourri !  Etc…

Que de certitudes ancrées ! Chacun arrive avec son bagage bien rempli ! Je dirais même que ça déborde ! Des années que le film se répète, une série sans fin, « A Soap Opera » comme disent les anglais, à tel point que l’on s’est bâti une solide réputation de « nuls en Langues » ! C’en est devenu une fatalité !

Quelle est l’origine de ce phénomène ?

Nous vivons dans un pays qui cultive l’excellence, on nous demande d’être le meilleur de la classe, de ne pas faire d’erreurs sous peine d’être puni ou pointé du doigt, de réfléchir avant de parler… et parfois on peut réfléchir longtemps avant de se lancer ! L’erreur est vécue comme un échec et non comme une expérience constructive qui nous mène à l’étape supérieure.  Contrairement aux modèles anglo-saxons, on souligne ce qui ne va pas plutôt que ce qui est intéressant à développer. Alors effectivement, on préfère être sûr(e) de ce que l’on va dire avant de prendre la parole et de perdre la face devant son auditoire. Et pourtant… c’est en faisant que l’on apprend. Avant d’être champion olympique, le sportif de haut niveau a bien démarré en bas de l’échelle et s’est entraîné assidûment pour parvenir à ce niveau d’expertise ! Le grand chef cuisinier, avant d’être étoilé, est bien passé par la case « Commis de cuisine ».  Le professeur lui-même a bien été élève avant d’enseigner, et même s’il y a des professeurs passionnés qui donnent l’envie d’apprendre, certains ont malheureusement tendance à l’oublier. Ils reproduisent tout simplement le schéma qu’ils ont reçu ou bien amènent leurs états d’âme au travail.

Mais voilà, pas facile de changer les vieilles habitudes !

Les gouvernements changent, mais les méthodes restent les mêmes ! Enfin, à quelque chose près. Rien de significatif pour parvenir à entendre nos jeunes s’exprimer couramment dans la langue de nos voisins Britanniques. Manque de moyens, classes surchargées,  enseignants contraints à un cahier des charges, manque d’intérêt, de motivation, désengagement, peu de place pour la pratique orale entre autres… Un peu de phonétique en 6e, acquérir des bases, du vocabulaire, de la grammaire, les temps, quelques phrases orales par ci par là, oui mais… Sept ans, et pourtant … Le résultat n’est pas convainquant. Alors, comment faire ?

L’apprentissage de l’anglais doit être un jeu dans lequel tous les coups sont permis !

L’immersion anglophone n’est pas toujours celle à laquelle on pense

Tout le monde ne peut pas s’offrir un séjour longue durée dans un pays étranger dans un cadre propice à l’apprentissage de la langue souhaitée. On pourrait croire que si l’on ne séjourne pas dans le pays, on ne parviendra pas à progresser. Pas forcément. A l’heure actuelle, il existe différents moyens pour être le plus possible en contact avec la langue étrangère que l’on souhaite apprendre :

  • Cours du soir,
  • Cours particuliers,
  • Méthodes de langues avec audios,
  • E-learning, podcasts, applications à télécharger,
  • Audio-books en anglais,
  • Films en VO, YouTube, séries sur Netflix…
  • Echanges avec des locuteurs natifs dans sa ville.

Evidemment, à chacun son objectif et ses désirs mais quoiqu’il- en- soit, n’ayez crainte de mal faire ou mal dire ! N’attendez pas de tout connaître avant de vous lancer, progressez en faisant. Il faut mettre son égo, ses croyances, ses peurs et sa timidité de côté, et commencer par ne pas mettre la barre trop haute ! Soyez bienveillant avec vous-même, comme on peut l’être avec son meilleur ami.

  • Commencez par vous imprégnez des sons, des mots, prendre du plaisir à formuler de petites phrases, saisissez toutes les occasions possibles pour vous mettre en « immersion ».
  • Parlez à un voisin anglais sans vous demander s’il va vous comprendre ou pas, il sera ravi de vous aider.
  • Tendez l’oreille sur les marchés locaux en période de vacances, il y a des chances à ce que vous entendiez des anglophones converser entre eux.
  • Ecoutez des chansons anglaises pour enfants, un très bon moyen pour développer votre oreille et prononciation !

Connectez-vous à l’anglais de quelque manière que ce soit, tout est bon pour « activer » la zone de votre cerveau qui vous fera progresser ! Le mieux pour renforcer la motivation est d’avoir un projet concret : un voyage à l’étranger, une évolution professionnelle, une formation en anglais, l’un de vos enfants qui se marie avec un (ou une) anglophone, vous lancez votre projet de chambres d’hôtes…Tout projet, qui va vous booster et vous engager dans votre démarche d’apprentissage.

C’est une excellente manière de déclencher l’ENVIE d’aller plus loin !

Corinne Picarda